| Texte du contenu : | Il n'y a rien de plus typique que les cris des rues d' Paris. Aussi je vais vous en imiter quelques-uns
D'abord le marchand de pommes de terre :
La hollande au boisseau, la hollande, dix sous l' boisseau, la hollande !
Le marchand de haricots :
Haricot vert, du haricot !
Le marchand des quatre saisons :
Des poireaux, des navets, des carottes et d' la belle salade, madame, elle est bien belle ! pas d' poireaux, monsieur ? ils sont bien beaux.
La marchande de poissons :
V'là l' maqu'reau frais, v'là l' maqu'reau-eau, limandes à frire, à frire, du rouget, du beau rouget, hareng qui glace, qui glace, du hareng nouveau-eau !
Voici le colloque qui s'engage entre la marchande et une cliente :
- Pardon, madame, combien les limandes ?
- Quinze sous pièce, ma chérie
- Oh mais, c'est trop cher !
- Cher, oh, peut-on dire ? mais c'est pour rien ! Vas z'aux Halles et tu verras
- Mais... c'est-il frais ?
- Plus frais qu' ton museau, hé, roupie !
- Ho... vous n'êtes pas polie.
- J' suis pas polie ? mais autant qu' ta figure qui a l'air d'être passée à l'encaustique, hé, sangsue !
Le marchand de chiffons :
'chand d'habits, chiffons, ferrailles à vendre, voilà l' marchand... avez-vous des habits à vendre ?...
Le marchand d' tonneaux :
Tonneaux, des tonneaux, des tonneaux, voilà l' marchand d' tonneaux, des tonneaux...
Le marchand de bimbeloterie bon marché :
Allons, mesdames et messieurs, fouillez dans l' tas, c'est tout à dix centimes, deux sous, vous avez de superbes chaînes de montre, des boucles d'oreille, des bagues, des bracelets, des porte-monnaie, allons, fouillez, c'est tout à dix centimes, deux sous, allons, allons, voyez la vente, voyez le bon marché au rabais, au rabais, les ménagères !
Le tondeur :
Voilà, voilà l' tondeur ! tond les chiens, coupe les chats, les oreilles, voilà, voilà l' tondeur !
Le raccommodeur de porcelaine :
Raccommode la faïence et la porcelaine, le verre, le cristal et le marbre !
Le marchand d' mouron :
En v'là du mouron pour les p'tits zozeaux !
Le cerveau agréablement rempli de tous ces cris, je me décidai à rentrer chez moi et je hélai un fiacre :
- Cocher, avenue Kléber
- Bien, patron... hue, cocotte ! Allons, hé, bourrique, avance donc, hue-là, hue-là... mais i' n'avanc'ra pas, hue-là !
- Eh bien, cocher, voyons, calmez-vous !
- De quoi, de quoi, va donc, hé, poireau ! Hé, andouille, tête en poire, figure de pâté d' foie !
- Merci, cocher, merci, trop aimable
Tels sont les cris de Paris... mais ceux-là sont moins enchanteurs
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